Jacqueline Dana

13 mai 2015
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Entretien avec Jacqueline Dana (Trois Femmes) – 2015

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À l’occasion de la sortie du roman Trois femmes aux éditions de Borée, découvrez l’entretien avec Jacqueline Dana.

Jacqueline Dana a commencé sa carrière de journaliste dans les années 1970 et l’a poursuivie au Figaro, puis au sein du groupe Hachette (Elle, Vital, Le Journal du dimanche). Essayiste et romancière, auteure de plusieurs romans à succès, elle se consacre désormais à l’écriture.

Pouvez-vous nous parler de votre livre, quel est le thème central ?

C’est un thème qui m’a toujours poursuivie et je ne pense pas être la seule.

Dès le départ une femme est destinée à avoir plusieurs vies, plusieurs identités, elle peut être une mère, une travailleuse, une épouse, une amante. Dès le départ, elle est promise à une double, une triple vie. C’est biologique, social, affectif. Elle devra toujours assumer plusieurs rôles à la fois.

Elle cherche toujours le Prince Charmant, même si elle n’y croit plus trop…mais elle en rêve encore. Et elle a envie de séduire, ce qui est une force et un pouvoir.

Mon héroïne incarne toutes ces facettes. Elle aura trois vies, trois destins, trois noms : Pauline dans son enfance, Paolina au théâtre, et Madame Hortense quand elle sera professeur de théâtre pour enfants. Changer de vie n’est pas toujours facile mais les femmes sont entraînées, leur corps lui même change de fonction au cours de la vie : le corps triomphant de la jeune fille, celui émouvant de la mère, et celui vulnérable  de la femme mûre qui a perdu son rôle de procréatrice.

Pauline, jeune actrice prometteuse, aura trois vies.

Follement amoureuse, elle abandonnera les planches elle partira de l’autre côté de l’atlantique pour une vie sauvage et docile, elle reviendra à Paris et sera, à son corps défendant,  de nouveau habitée par sa passion du théâtre.

Et la mère, l’épouse découvrira, à son insu, une autre face de sa personnalité, des frustrations inconscientes exploseront, elle sera rattrapée par une fougue qu’elle avait crue morte, un égoïsme que son sens du devoir avait  longtemps écrasé. Elle était ambitieuse, elle aimait le succès et les lumières, elle ne le savait pas. Elle n’avait pas l’esprit de sacrifice, elle ne le savait pas. C’était une rebelle et elle ne le savait pas.

L’âge n’assagit pas, il révèle.

Tout l’accuse, elle est coupable, comme le personnage qu’elle incarne sur les planches.  Coupable d’avoir voulu vivre trop intensément, d’avoir du talent, de plaire et d’avoir eu un amant. D’avoir voulu être elle même, suivre sa vocation. D’avoir voulu plusieurs vies, de refuser de renoncer. Elle possédait en elle des pouvoirs refrénés pendant des années, à près de cinquante ans, elle n’a pas donné toute sa mesure, la voilà prête à affronter tous les défis.

« Jusqu’où peut- elle aller si rien ne l’entrave  ? Elle doit savoir, sinon elle passe à côté de la vie »

Elle laissera vivre et mourir cette  femme mystérieuse  qui sommeille en secret en elle.

Enfin, riche de ces expériences, elle acceptera la troisième femme qui s’impose, aussi inattendue que prévisible.

Les femmes sont ainsi. Ni saintes, ni pécheresses. Sacrifiées souvent, dévouées, mais aussi triomphantes et rebelles.

Faut- il passer à côté de sa vie ? C’est la question que pose ce roman.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

Une femme, une chanteuse qui avait gagné des concours et allait être engagée par la Scala de Milan. Elle a refusé parce qu’elle était enceinte et mariée. Toute sa vie, elle a été habitée par la musique et n’a jamais été la Diva qu’elle aurait pu et dû devenir.

Depuis que vous écrivez, quel est votre plus beau souvenir ?

Le Prix RTL Grand Public que j’ai reçu, il y a longtemps. Cela me paraissait un rêve.

Il y a quelque chose de miraculeux dans l’écriture.

Ecrire, c’est avoir une double vie, échapper à la réalité, à l’âge, au temps, à l’espace, libérer son inconscient qui va à la rencontre de celui du lecteur  c’est un moment profond de fraternité et de communion. Puis, on se quitte….Et il y a toujours un temps de tristesse. Quand s’achève l’écriture, quand s’achève la lecture.

Un livre même si on ne l’aime pas est toujours source de sentiments.

Quand on lit un livre, on devient très proche de l’auteur, on le devine, on le sent, une familiarité s’installe, au fil des pages, on est ensemble, on se comprend, celui ou celle qui écrit n’est plus un inconnu mais un ami ou une amie avec qui on est en accord ou non. Mais ce chemin parcouru ensemble, ce dialogue silencieux, a toujours une fin et il faut se séparer, abandonner les personnages qui vous empreignent pendant plusieurs jours. On peut ne pas être d’accord avec le texte, avec l’écrivain, on peut ne pas aimer les personnages mais la vie imaginaire est là, avec ses chimères.

Le livre, comme le théâtre et le cinéma multiplient les surprises, les visions, les sentiments, les découvertes. Et créent des interrogations permanentes. (Ce que, d’ailleurs, on peut dire pour toutes les formes artistiques).

Ecrire, c’est comme respirer. Voilà pourquoi, on ne peut  s’arrêter, il faut attendre le dernier souffle.

Qu’aimez-vous lire ?

Des poèmes. Les mots de la poésie me donnent l’évasion  et le rêve , ils m’émeuvent et me rendent modeste. Ils me rassurent comme une prière, ils me transportent ailleurs. La poésie, elle aussi, est une autre vie mais sublimée. Elle rejoint la musique qui est un art majeur.

Les personnages : N’allez pas croire que l’auteur écrit ce qu’il veut. Les personnages lui échappent et s’installent dans l’histoire comme ils l’entendent. Ils mènent leur vie tout seuls. La nuit, ils viennent vous tirer par les doigts de pied pour se rappeler à vous et vous dire ce qu’ils veulent. On les suit sans même s’en rendre compte. Souvent le texte avance tout seul poussé par une dynamique inconnue qui a sûrement des liens étroits avec sa propre mémoire. L’imagination, c’est sans doute cela : recréer le monde à partir de souvenirs enfouis. Au coin d’une page, surgit un personnage qui n’était pas prévu et apporte un événement nouveau. On pourrait le chasser et continuer son chemin, impossible il est arrivé dans l’histoire et ne s’en ira pas, on s’y attache vite. Oui, écrire est fabuleux, on disparaît du monde et on le refait selon sa sensibilité et ses attentes, on invente un autre univers, on se glisse dans des personnages qui vous ressemblent ou au contraire vous insupportent, on joue sur les époques, les pays, les événements, on défend des idées à travers les héros, on vit enfin en pouvant exprimer, clamer tout ce que l’on a  ressenti, hier ou aujourd’hui. Il n’y a que l’avenir qui me fait peur, je ne le vois pas, et la science fiction ne sera jamais pour moi.

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– Reproduit avec l’aimable autorisation des éditions de Borée
(disponible également sur leur site : www.deboree.com) –

 

 

24 septembre 2012
par webmaster
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Rentrée littéraire 2012 (Gabrielle ou le désarroi)

Gabrielle ou le désarroi (Ed. Les Presses de la Cité, 2012)

MIS A JOUR LE 22 NOVEMBRE 2012 :

Jacqueline Dana dédicacera Samedi 1° Décembre 2012 son dernier roman, GABRIELLE OU LE DESARROI, à la Librairie de Provence, 31 Cours Mirabeau à Aix en provence (à partir de 16 heures).

Accompagné d’un débat  avec Jean d’Aillon sur « Le rapport entre la fiction et la réalité dans le roman historique ».

www.librairiesdeprovence.com

 

  • DATE DE PARUTION : 04 octobre 2012
  • EDITEUR : Presses de la Cité
  • ISBN : 978-2-258-09651-6
  • EAN : 9782258096516
  • POIDS : 0,325 Kg
  • DIMENSIONS : 14,2 cm × 22,7 cm × 2,4 cm

« Elles sont rentrées toutes les deux, elles parlent peu. Gabrielle est sous le coup de l’émotion, oui, elle va faire ce qu’on lui demande, du mieux qu’elle peut, avec toutes ses jeunes forces, ce n’est pas compliqué, c’est une tâche à sa mesure. Sauver des enfants juifs pour oublier ses erreurs et se racheter… Elle sourit et prend le bras de Mado, elle a envie de lui dire merci mais l’autre ne comprendrait pas. »

Gabrielle est une jeune fille dont le destin, en 1939, paraissait tout tracé. Orpheline, née de père inconnu, elle a été élevée par sa grand-mère qui a choisi de la retirer de l’école à peine le certif obtenu. Gabrielle sera donc serveuse dans le bistrot du village puis bonne à tout faire chez les bourgeois du coin.

C’est compter sans la guerre qui voit la petite famille s’établir à Aix-en-Provence. La vie y est plus belle qu’à Bonnières, sur les bords de la Seine, surtout pour Gabrielle qui se fait des amis mais se méfie des garçons (les leçons de sa grand-mère n’y sont pas étrangères). Jusqu’à ce qu’elle rencontre l’amour de sa vie. Il est allemand et officier, donc infréquentable même s’il se conduit en humaniste amoureux…

Ces amours coupables, qu’elle tarde à mesurer comme telles, la mettent progressivement au ban des siens, ses patrons exceptés. Elle quittera donc l’amour de sa vie pour s’engager, courageuse, dans la Résistance avec, chevillé au corps, le sentiment de devoir expier.

A la Libération, elle sera fêtée pour sa conduite exemplaire mais aussi brutalisée par ceux qui ne veulent se souvenir que de ses amours malheureuses.

 

Journaliste, romancière et essayiste, Jacqueline Dana est l’auteur de nombreux romans à succès dont Tota Rosa (Mercure de France, 1983), Les Noces de Camille (Albin Michel, 1987), Le Pharmacien de Saint-Pol (JC Lattès, 2008) ou La Réfugiée de Saint-Martin (JC Lattès, 2010).

Le Lundi 1° Octobre 2012, sur France Bleu Périgord, Bénédicte Bourdial  a parlé  de GABRIELLE OU LE DESARROI en s’interrogeant sur la culpabilité réelle ou inconsciente de  ces jeunes filles trop romantiques qui n’hésitaient pas à aimer des jeunes gens ennemis.

Ecoutez l’entretien par téléphone de Jacqueline Dana sur France Bleu Périgord avec Bénédicte Bourdial.

Si vous ne voyez pas le lecteur flash au dessus, installez-le en vous rendant sur la page d’Adobe Flash Player

L’Article paru dans Le Dauphiné Libéré daté du 07 octobre 2012.

(Cliquez dessus pour le voir en plus grand)

 

Lettre du 15 Octobre 2012 de Annie Ernaux à Jacqueline Dana

Chère Jacqueline,
Votre dernier livre est écrit avec maëstria, situation, sentiments, émotion, savamment dosés, disposés.
Et il est très touchant de voir évoqué le milieu de cinéma de votre père.

Annie Ernaux 

 

3 septembre 2012
par webmaster
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« Des étoiles plein les poches » de Simon Eine

Est enfin sorti le livre de mon ami Simon Eine.

Son parcours m’a toujours passionnée ainsi que sa profonde connaissance de tous les textes classiques.

La Comédie Française restera toujours pour moi le lieu culte de ma jeunesse où j’ai découvert les mystères du théâtre.

Le TNP ne m’a pas donné ce même sentiment « d’être en famille » Je n’ai jamais su pourquoi…. 

Des étoiles plein les poches de Simon Eine,  Riveneuve éditions (2012)